En dépit de l'effort de communication mis en oeuvre par la Présidence française de l'Union européenne et les instances compétentes de l'UE en matière de politique étrangère, nul ne s'attendait réellement à ce que la rencontre entre le Président russe Dmitri Medvedev et le Préident français Nicolas Sarkozy puisse aboutir à de réelles avancées dans le conflit qui oppose la Géorgie à la Russie sur la question de l'intervention de Moscou et l'avenir des entités abkhaze et d'Ossétie du Sud, dernièrement reconnues par Moscou comme Etats indépendants.
La marge de manoeuvre de l'Union européenne - on l'a souvent répété - est des plus réduites. Et ce quelle que soit la stratégie qu'entendait défendre l'Union européenne. Le non-renouvellement du partenariat entre la Russie et l'Union européenne décidé en guise de "sanction" compte-tenu du comportement de Moscou sur le dossier caucasien ne semble pas susciter de réelles craintes du côté russe. On pouvait d'ailleurs bien se demander quelles allaient être les moyens de persuasion de l'UE dans cette crise. Convaincre Moscou par des promesses? cela aurait pu être envisagé. Mais avec quels moyens? Laisser peser sur Moscou l'ombre d'une menace (je sais, un mot à ce point barbare doit être rayé, sauf que je l'envisage au sein le plus pur des théories des RI)? Cela aussi aurait pu être envisagé... (vous connaissez la suite). Bref, les convictions seules ne suffisent pas. Et à la différence de l'UE, la Russie dispose d'une unicité (attention! loin d'être parfaite!) de vue sur les siennes et la manière de les mettre en oeuvre.
Ceci dit, il y a un réel bon sens objectif (je souhaite le croire) dans le refus très clair de Moscou de permettre à l'UE l'envoi d'une mission en Géorgie qui ne serait venue que rendre plus difficile la lecture des répartitions des tâches (si l'on suppose existante une telle répartition). C'est d'ailleurs l'une des principales difficultés à laquelle se heurtent aujourd'hui les processus de "résolution" des conflits dans la Région. Le Haut-Karabakh est, à ce titre un bon exemple. Le Groupe de Minsk, qui réunit un concert des principales nations européennes et transatlantiques, en vue d'aboutir à un règlement définitif du conflit a participé à l'enlisement de la crise, faisant de cette confrontation l'un des multiples conflits gelés d'Europe. Je ne crois pas - et j'imagine ne pas être le seul - que la multiplication des interventions et des missions puisse représenter un apport réel pour la stabilisation des zones de conflits aux limes de l'Europe. Celles-ci en finissent par constituer de nouveaux protagonistes dans des crises dont la complexité des acteurs pèse déjà sur les chances d'issue de ces conflits.
Renforcer les instruments préventifs de l'OSCE (et on sait que ces instruments sont tous autant nombreux que sous-financés) aurait pu constituer une solution plus prometteuse que de poursuivre une stratégie de résolution "utopique" des crises qui consiste démultiplier le nombre d'acteurs organisationnels sur le terrain.
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