lundi 5 octobre 2009

Quelle attitude face à Google Earth

C'est le journal Le Soir (relayant lui-même une information du journal De Zondag) qui l'évoque dans ses colonnes : la Défense belge enquête sur Google Earth. Il faut bien avouer que le logiciel gratuit du géant Google n'en finit pas de susciter des controverses. Et ce depuis de nombreuses années. Déjà, en 2005, avais-je eu l'occasion de rédiger un billet (disponible ici) sur les questions sécuritaires liées à cette application.
 
Depuis lors, quelques événements et anecdotes semblent avoir alimenté les propos de ceux qui voient dans Google Earth une menace réelle tant pour la Défense que pour la sécurité intérieure des Etats. Les réactions de ces derniers se sont, toutefois, avérées, très variables. Ainsi, au mois d'août 2006, le Maroc censura-t-il Google Earth pour des raisons de sûreté. Une décision pour le moins contextée puisqu'elle fut adoptée sans autorisation judiciaire. C'est, plus exactement, la société Maroc Telecom qui entrepris de contraindre l'emploi du logiciel parmi les internautes nationaux. Aux Etats-Unis, Google Earth a couroucé le Pentagone, ému par le fait que nombre de photos satellites colligées par Google Earth comportaient des images précises de bases américaines et des activités qui s'y déroulaient (voyez ici).
 
Alors, la question, chacun l'aura compris, est la suivante : comment limiter la possibilité de voir croître le nombre d'applications et de mises en oeuvre malveillantes de Google Earth? Je crois personnellement qu'aborder le problème dans ce sens consiste à prendre - on m'excusera cette formulation familière - le chat par la queue. Certes, Google Earth peut, il est vrai, poser un réel problème de sécurité. Toutefois, quelques remarques s'imposent :
 
1. Interdire Google Earth est une option aussi inutile qu'inenvisageable. En effet, une telle interdiction ne saurait porter qu'au sein d'un Etat ou d'un groupe limité d'Etats. L'exploitation des images de Google Earth depuis l'étranger (ou depuis des pays n'interdisant pas Google Earth) resterait toujours possible;
 
2. Stigmatiser Google Earth peut s'avérer contre-productif. En effet, il existe d'autres sociétés du Web qui fournissent ce type de produit. Bing Maps, de Microsoft, fournit une solution similaire qui, étrangement, ne semble pas dénoncée avec la même ferveur. Il n'est pas à douter que de nouveaux concurrents chercheront à développer des solutions identiques en travaillent sur une meilleure qualité de résolutions et des services complémentaires (payants, sans doute) plus attractifs.
 
3. Il conviendrait, par contre, de prendre le dossier "Google Earth" non pas comme une interrogation, mais plutôt comme une réponse. En d'autres termes, compte tenu de la nature désormais hétéroclite et protéiforme des menaces contemporaines, ne pourrait-on pas sortir du cadre dans lequel nous traitons habituellement les problèmes de sécurité. C'est l'attitude des forces de l'ordre américaines qui, plutôt que de dénoncer l'application incriminée, sont parvenues à en tirer profit (voyez ici). Bref, Google Earth peut tout autant s'avérer un nouveau problème de société, qu'une nouvelle solution de sécurité.
 
Tâchons de méditer sur ces quelques éléments...

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