jeudi 29 janvier 2009

Parution du rapport “The Militarisation of Space: Policy and Legal Aspects”

Militarisation-of-space Au mois de décembre 2007, une conférence internationale organisée conjointement par l’Ecole Royale Militaire, le Studiecentrum voor Militair Recht en Oorlogsrecht, le Centre d’Etude de Droit Militaire et de Droit de la Guerre, le Leuven Centre for Global Governance Studies et l’Interdisciplinary Centre for Space Studies a réuni plusieurs chercheurs, experts et observateurs académiques des affaires spatiales afin de débattre des dimensions juridiques et politiques de la “militarisation de l’espace”.

J’ai eu l’honneur d’y présenter un exposé sur les dernières actualités technologiques militaires du secteur spatial.

Vous trouverez le rapport complet de cette journée d’étude via le site du RMES en cliquant sur l’image ci-dessus ou le présent lien.

mardi 27 janvier 2009

La technique toujours aussi délicieuse… et tyrannique !

Dans la série de billets consacrés à la posture probable de la nouvelle administration Obama en matière de défense antimissile, le webzine Space War (http://www.spacewar.com/reports/Obama_Missile_Defense_Priorities_Part_Three_999.html) revient sur une donnée somme toute élémentaire, néanmoins des plus intéressante, relative à la “dynamique” des programmes d’armement moderne, bien souvent caractérisé (principalement aux Etats-Unis), par une haute capacité technologique.

Les éditeurs de Space War indiquent, en effet, que la marge de manoeuvre de la nouvelle administration démocrate sera particulièrement étroite s’agissant de l’avenir de la défense antimissile de territoire aux Etats-Unis. L’article rappelle ainsi que dans la note publiée le 12 novembre 2008, intitulée “Barak Obama and Joe Biden on Defence Issues”, le nouveau Président des Etats-Unis interrogeait l’efficacité et l’efficience du projet de bouclier antimissile, soutenu par la précédente administration Bush (on remarquera que le Président Clinton avait préféré léguer la responsabilité de la prise de toute décision définitive sur ce projet). Le contre-argument développé par Baker Spring et Peter Brookes est de dire que le nouveau Président aborde maladroitement la problématique en considérant les éléments du bouclier de manière individuelle. Or, précisent les auteurs, et on ne saurait a priori les contredire, le bouclier, comme la majorité des équipements avancés de défense aujourd’hui, constituent des systèmes de systèmes dont les éléments constitutifs ne peuvent être évalués sans qu’une décision sur ces éléments constitutifs n’impactent sur l’ensemble du projet considéré et de ses sous-composants. Evidemment, la focalisation des observateurs sur la réelle capacité d’interception en hit-to-kill des missiles antimissiles américains tend à dissimuler le fait que bien d’autres éléments du bouclier participeront, notamment en amont, à la défense effective (espère-t-on) du territoire américain. Sur cette base, on imagine que la conclusion de cette démonstration est de dire que tout jugement portant sur les seuls intercepteurs pourrait affecter les divers composants du bouclier dont on manque de révéler le potentiel réel.

On voit là l’illustration brillante du syndrome qu’a pu mettre en avant Jean-Jacques Salomon dans ses divers écrits sur le rapport entre le politique, la science, la technologie et le militaire. Au vrai, l’administration Obama risque sans doute fort d’être à son tour happée par le complexe du délice technique. Un programme peut se révéler si techniquement délicieux qu’on en vient à ne plus s’interroger à son sujet (J.-J. Salomon, Le scientifique et le guerrier, Paris, Belin, coll. Débats, 2001, p. 77); les problèmes militaire, politique ou humain du programme n’étant débattus qu’à partir de l’instant où celui-ci est définitivement acquis. On pourrait pousser l’argumentation en affirmant comme avait pu le faire en son temps Matthew Evangelista (M. Evangelista, Innovation and the Arms Race: How the United States and the Soviet Union Develop New Military Technologies, Ithaca (New York), Cornell University Press, 1988), que certains programmes ne sont poursuivis que par l’insistance des scientifiques et des laboratoires qui le soutiennent. Cette hypothèse semble, sans doute, exagérée, peu crédible et résiste peu à l’analyse des programmes d’armements de ces vingt dernières années. Toutefois, une chose est sûr: il existe bel et bien un délice technique du projet antimissile qui génère, en outre, une tyrannie réelle vis-à-vis des politiques et des bureaucraties qui seront appelés à statuer sur son sort. Si l’on ajoute à ces éléments, les préoccupations de l’administration et des élus locaux relatives à la préservation des bassins d’emploi impliqués dans la confection des systèmes, il est certain que l’administration Obama verra son potentiel de manoeuvre fortement altéré.

Note : je souligne, à ce propos, l’excellent ouvrage de Joseph Henrotin, La technologie militaire en question. Le cas américain, paru chez Economica dans la collection de Vincent Desportes, qui aborde l’ensemble de ces aspects avec détails et investigation. J’en ferai prochainement une critique de lecture sur ce blog.

samedi 24 janvier 2009

Parution prochaine : Gazprom – l’idéalisme européen à l’épreuve du réalisme russe

Comme je vous l’avais déjà annoncé, mon confrère, Pol-Henry Dasseleer publie prochainement chez L’Harmattan une étude solide sur les rapports Europe-Russie dans le cadre du marché gazier. Il aborde, au-delà, des aspects commerciaux et économiques du sujet, les dimensions géopolitiques (sans doute premières) et stratégiques de la dépendance, mutuelle (il faut bien le reconnaître) de l’Europe et de la Russie dans ce secteur.

Couverture-GAZPROM---PHDNous avons davantage d’informations sur ce prochain opus puisque j’ai le plaisir de vous en livrer la couverture. Soyez donc attentifs lorsque vous parcourrez ces prochains mois les librairies spécialisées.

Pol-Henry Dasseleer, GAZPROM : l’idéalisme européen à l’épreuve du réalisme russe, Paris, L’Harmattan, 2009, ISBN : 978-2-26-07369-2. L’ouvrage sera vendu à 16 €.

jeudi 22 janvier 2009

Nanotechnologies : entre prophéties et recherche

C'est en parcourant aléatoirement la toile sur l'une de mes thématiques d'investigation de prédilection, "les nanotechnologies", que je suis tombé sur un débat intéressant qui anime depuis quelques années les milieux scientifiques américains sur la question précise de la politique américaine en matière de soutien à la recherche nanotechnologique. Un edito, datant de 2004, rédigé par l'équipe rédactionnelle de la revue The New Atlantis: A Journal of Technology & Society revient sur le schisme qui est apparu au sein de la communauté des chercheurs concernés par le développement des nanotechnologies (NT).
 
Dans une approche "Latourienne", relativement comparable à la question de "la production des faits scientifiques" il pourrait être affirmé que les activités liées au "développement" des nanotechnologies (je ferai d'ailleurs l'impasse sur les tergiversations afférant à la dénomination de cette discipline) n'entretiennent qu'un faible rapport avec ce qui relève, sensu stricto, de la science. Pour The New Atlantis, les accroissements constants de budgets en faveur des NT (le budget de la National Nanotechnology Initiative, pour 2009, devrait avoisiner les $1,5 milliards) opérés depuis bientôt dix ans ont pour le moins de quoi étonner dans la mesure où ces montants soutiennent une technologie qui, pour l'heure, n'a pas été pleinement prouvée et pourrait même être considérée comme pratiquement non-existante. Certes, des composants issus des premières recherches dans le domaine des NT envahissent déjà un grand nombre de produits et de consommables (cosmétique, pharmacologie, informatique, etc.). Néanmoins, on semble assez loin des grandes promesses annoncées par Eric K. Drexler (Engines of Creation) dans lequel, en 1986, il annonçait l'imminence de l'ère des "nano-assembleurs", tout dans un futur indéterminé devant être appelé à être fabriqué, développé, entretenu par des manufactures nanométriques auto-répliquantes et auto-organisées.
 
L'une des principales difficultés à laquelle est aujourd'hui confrontée la communauté scientifique américaine est que c'est précisément dans les prophéties émises par Drexler que nombre de chercheurs et de politiques ont placé leurs espoirs. Comble de l'ironie, ceux qui, au sein de la communauté scientifique tentent de démonter les arguments de Drexler ont quelque réticences à se démarquer de ce dernier. En effet, jamais sans doute la recherche nanotechnologique aux Etats-Unis n'aurait amassé autant de fonds si l'auteur d'Engines of Creation ne s'était engagé corps et âme dans une intense activité de sensibilisation et de lobby en faveur des NT.
 
Quel rapport avec les affaires de sécurité, me direz-vous? Il est évident lorsque l'on connait le principal bénéficiaire de la NNI : le Département de la Défense (DoD). En outre, il est utile de précisr que toute l'histoire de la pensée scientifique de l'après guerre qui a progressivement conduit à l'émergence des nanotechnologies (le terme n'apparaîtra qu'au milieu des années 1970) est, de près ou de loin (qui aurait imaginé le contraire?) liée au domaine de la défense. Aujourd'hui, l'Armée de terre et le MIT sont associés dans le cadre de l'Institute for Soldier Nanotechnologies pour le développement de solutions nanostructurées pour la protection du combattant. Cet Institut est l'arbre, toutefois, qui cache une forêt constituée de divers laboratoires investis de manière directe ou indirecte dans ce secteur de recherche.
 
Quid de l'Europe, me direz-vous? L'approche européenne semble a priori plus raisonnée et sereine (même si la stratégie européenne en faveur des nanotechnologies semble s'appuyer sur des perspectives de rentabilités financières à venir qui ne résisteraient pas à un examen approfondi). En dehors du 7ème programme cadre pour la R&D européenne qui palce les nanosciences et l'étude des matériaux parmi les principaux domaines subsidiés, l'Agence européenne de défense a lancé un nouveau programme d'investissement conjoint (Joint Investment Program - JIP) sur les nouveaux concepts en matière de technologies émergentes (Innovative Concepts & Emerging Technologies - ICET). Cet effort s'inscrit dans la droite ligne de l'approche qui a, précédemment, guidé le premier JIP sur la protection des forces et du combattant. Les sommes investies sont, à l'évidence, peu comparables avec les dépenses consenties par les Etats-Unis mais ne dit-on pas que les ruptures stratégiques n'interviennent pas nécessairement au sein des Etats qui prétendent y parvenir les premiers?
 
PS : pour info, un rapport d'étude que je rédige pour le compte de l'Institut Royal Supérieur de Défense paraîtra à la fin du mois de février et portera sur une analyse comparative des agances, structures et budgets de la recherche nanotechnologique contemporaine.

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Alain De Neve

mercredi 21 janvier 2009

On reparle du système de sécurité paneuropéen...

Signe des temps et conséquence logique de la crise (ou de "guerre" selon les auteurs) du gaz de ce mois de janvier, l'idée de l'établissement d'un système de sécurité paneuropéen englobant la Russie refait surface. Le blog Bruxelles 2 (Europe de la défense) fait ainsi l'écho à la libre opinion développée par l'ancien ministre allemand des affaires étrangères Joschka Fischer. Je renvoie les lecteurs à cette carte blanche.
 
Ce que propose Joschka Fischer est, "tout simplement", l'établissement, sinon la refondation, d'un véritable ensemble sécurité européen qui englobe la Russie. C'est là une vieille idée qui, comme je le signalais déjà l'été dernier, ressurgit de manière régulière dans la politique étrangère de la Russie. Bien que l'idée soit partagée depuis longtemps par quelques Européens, il est, néanmoins, intéressant de constater que le relais de ce concept de sécurité paneuropéenne soit désormais expressément véhiculé par un ancien haut-responsable européen surtout lorsque ce haut-responsable a représenté tout un symbole dans les années 1990.
 
L'ancien ministre allemand des affaires étrangères dresse, à dire vrai, un état des lieux relativement équilibré et critique des avantages auxquels pourrait aboutir un tel système, s'il devait exister, sans, cependant, nier les obstacles majeurs qui viendraient à se dresser sur le chemin qui pourrait éventuellement y mener.
 
Je ne peux m'empêcher de souligner, dans les propos de l'ancien ministre allemand des affaires étrangères (qui se présnte, il est vrai, comme un "réaliste rebelle") une faille majeure dans son raisonnement. A priori, l'idée première et "force" de la proposition contenue au sein de l'article est plus que louable. Depuis le début des années 1990, l'Occident a géré ses relations avec la Russie sans une réelle vision à long terme de la place que devait désormais occuper Moscou sur l'échiquier régional européen et mondial. Les multiples débats qui eurent lieu dans le cadre de l'OSCE (cf. les discussions sur le modèle de sécurité commun et global pour le 21ème siècle entre 1996 et 1999, les débats parfois houleux tenus au Conseil de l'Europe sur les limites de l'Europe, les fondements chértiens de la civilisation européenne, etc.) ont briallement attesté du fait que l'ensemble des Etats du système paneuropéen naviguaient à vue. Ceci était la conséquence logique, me dira-t-on, des secousses géopolitiques de l'après-guerre froide (dans lesquelles nous évoluons encore, n'en déplaise aux tenants de visions et postures millénaristes). Toutes les structures imaginables furent mises en place et tentées : Conseil de Coopération Nord-Atlantique, Partenariat pour la Paix, Conseil du Partenariat Euro-Atlantique (en remplacement du CCNA), Conseil Otan-Russie, Partenariat OTAN-Ukraine, ... Je ne reviendrai d'ailleurs pas sur les bilans en demi-teinte de ces multiples initiatives auxquelles je n'ajouterai pas les tentatives diplomatiques conduites au sein de l'OSCE. Bref, la proposition de Joschka Fischer est attrayante : pourquoi ne pas réaliser ce qui n'a jamais encore été tenté : intégrer la Russie dans l'OTAN?
 
Certes, mais là où le raisonnement présente une faille c'est lorsque Joschka Fischer énonce les facteurs qui pourraient pousser les Européens (et sans doute l'Occident dans son ensemble) à intégrer la Russie dans son ensemble, voire à intégrer l'OTAN. Finalement, souligne l'ancien ministre allemand, la volonté de restauration de la puissance russe est structurellement fragile : perspectives économiques incertaines (réduction du prix du baril et, dans son sillage, des énergies), chute de la démographie, etc. Tous ces éléments font que :
  1. l'Europe ne doit pas changer sa stratégie et ne pas considérer la Russie comme un adversaire stratégique;
  2. l'Occident doit pouvoir aborder sereinement l'idée d'une adhésion éventuelle de la Russie à l'OTAN (si cela ne suppose pas au prélable un changement radicale de stratégie...).
Il est, de toute évidence, peu probable qu'une relation équilibrée et saine puisse être bâtie entre deux partenaires si l'un des deux partenaires entend tirer profit des fragilités structurelles de son homologue (à moins d'être dans une perspective réaliste).
 
On remarquera, en outre, que Joschka Fischer fait l'impasse complète sur la question des rapports d'alliance établis entre la Russie et ses partenaires asiatiques dans le cadre de l'Organisation de Coopération de Shangaï (OCS). C'est que l'Occident a quelque peu de mal à appréhender la nature exacte de ce nouveau pôle macropolitique. S'agit-il d'une organisation de coopération économie et politique? d'une organisation de sécurité? d'une Alliance? La préservation de l'ambiguité est expressément entretenue. Surtout, l'OCS est-elle l'instrument approprié à uen forme de rééquilibrage politique en Eurasie? Rien n'est moins sûr.
 
Quelles que soient les tergiversations diplomatiques qui peuvent entourer la perspective d'une redéfinition du système de sécurité européen, plusieurs données doivent être gardées à l'esprit: les dirrigeants actuels de la Russie (V. Poutine en premier lieu) a su tirer les leçons des années 1990. L'idée d'une intégration de la Russie dans l'ensemble occidentale (et plus spécifiquement de l'OTAN) dans les conditions actuelles (et les récentes crises intervenues pourraient bien constituer des arguments à la faveur du maintien d'un statu quo) est purement irréalisable. Il serait, enfin, illusoire de penser que les Etats-Unis puissent, avec le nouveau Président Obama, laisser évoluer l'Europe comme un électron libre dans l'Alliance. Si la place de l'Europe au sein de l'Alliance a certes évolué pour connaître une relative montée en puissance, il serait dangereux d'en déduire que tout projet de rapprochement de la Russie avec les Européens puisse s'opérer avec l'aval "par défaut" de Washington.
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Alain De Neve

mercredi 7 janvier 2009

Il y a de la Roomba dans l’air : de l’aspirateur au déminage

C’est le site Spyworld qui relaie l’information : l’Armée de terre française s’équipera prochainement de robots de déminage développés par la société américaine iRobot (également connue pour ses aspirateurs domestiques Roomba) qui, dans le cadre du marché avec la France, développera et assurera la distribution du matériel avec la société ROBOSOFT, située sur le technopole d’Izarbel à proximité de Paris.

La commande concerne l’acquisition de huit robots démineurs de type PackBot dont des exemplaires sont déjàs employés en Afghanistan par les forces armées américaines.

C’est, à l’évidence, pour le terrain afghan que ces robots ont été commandés, ceci afin de remplacer le soldats dans des opérations périlleuses où la prise de risque s’avère proportionnellement disproportionnée par rapport à l’avantage immédiat acquis. Bref, ils serviront à ce que les Etats-Unis qualifient comme des opérations “Dull, Duty and Dangerous”.

Au-delà de cette actualité immédiate, il est utile de profiter de cette annonce pour nous conduire à réinvestir un débat sur l’ergonomie homme/machine sur les théâtres d’opérations. Si on a longtemps pensé que la technologie – et plus précisément la robotique avancée – pourrait un jour remplacer l’homme pour l’ensemble des missions qu’il a à conduire sur le champ de bataille, il est récemment apparu qu’un mix entre l’élément humain et l’élément machine était la clé des succès tactiques obtenus à travers l’introduction partielle de dispositifs robotiques.

C’est, d’ailleurs, la question de la coexistence de ces deux éléments qui s’avère la plus complexe surtout lorsque celle-ci est mal évaluée ou soutenue. la Direction Centrale du Matériel de l’Armée de terre ne s’y trompe d’ailleurs pas lorsqu’elle indique que l’introduction de ce type de plate-forme appelle à des modalités de soutien, d’organisation et de maintenance très spécifique.

A ce sujet, je signale que mon humble contribution à l’ouvrage paru sous la direction de Tanguy Struye de Swielande (dans la coll. RMES, précédemment référencé) porte précisément sur l’apport des moyens robotiques dans le cadre des opérations militaires, plus particulièrement en zones urbaines.

Russie-Ukraine-Europe : la guerre du gaz

imageLa “diplomatie des vannes” : telle pourrait être la qualification de la politique étrangère et économique appliquée par la Russie à ses “partenaires” commerciaux depuis quelques années, en tous cas depuis 2006, année durant laquelle la première crise énergétique gazière entre Kiev et Moscou (sur fond d’influence stratégique) avait éclaté.

L’année 2008 marque, une nouvelle fois, le retour de la politique pragmatique de la Russie qui, au vrai, ne devrait étonner personne. certes, la Russie dépend de manière considérable des exportations de produits et dérivés des hydrocarbures (essentiellement le gaz) pour l’alimentation de ses finances publiques. A en croire quelques commentateurs, il suffirait “presque” d’attendre que la bulle de la crise retombe pour voir Moscou et Kiev revenir à de plus sages rapports politico-commerciaux.

il n’empêche, s’émouvoir à outrance de la politique menée par la Russie dans ce dossier qui, rappelons-le, apparaît néanmoins établie sur un grief commercial fondé en toute vraisemblance, trahit une méconnaissance de la rationalité – toute spécifique – qui se situe à la base de la politique étrangère russe que l’on sait pragmatique et tirant parti des opportunités qui se présentent à elle (Thomas Gomart).

Je ne m’avancerai pas pour l’heure plus loin dans ce débat, préférant attendre de voir comment la situation pourra évoluer dans les prochaines semaines. En attendant, je recommande à chacun vivement la lecture d’un excellent rapport écrit par un de mes collègues du Centre d’Etudes de Sécurité et de Défense, le lieutenant Pol-Henry Dasseleer, intitulé Enjeux politiques d'un acteur économique dans le secteur énergétique : Gazprom. Les acteurs privés au service d'une vision géopolitique.

Bonne lecture à tous et à toutes !