mercredi 5 novembre 2008

Etonnante Amérique !

"Si jamais quelqu'un doute encore que l'Amérique est un endroit où tout est possible, se demande si le rêve de nos pères fondateurs est toujours vivant, doute encore du pouvoir de notre démocratie, la réponse lui est donnée ce soir", a fait valoir le 44e président des Etats-Unis, devant 65 000 personnes.

Ce matin, à mon réveil, avant même de connaître les dernières nouvelles de l’actualité mondiale, je savais que le visage du monde ne serait plus semblable ce qu’il était hier… J’avais la conviction qu’une mutation – peut-être sans précédent – était sur le point de se produire. Je sais, je n’étais pas le seul à ressentir ce sentiment peu original... Les élections américaines mettaient face à face, au final, deux candidats du changement (expression devenue désormais à la mode). L’un incarnait la possibilité d’un retour des Démocrates à la Maison Blanche, l’autre promettait, tout républicain qu’il soit, une rupture par rapport aux années Bush, années fortement contestées du fait de l’empreinte particulière de l’Amérique sur le monde depuis les 8 dernières années.

Mais j’étais loin d’imaginer que l’Amérique puisse à se point créer un sursaut dans des temps aussi difficiles sur tous les tableaux, qu’ils soient international, économique, financier, culturel, politique et géopolitique. L’Amérique, quoi qu’en disent certains experts avisés et, je n’en doute pas, éminemment compétents, l’Amérique, donc, a une fois de plus fait preuve d’une étonnante vivacité; vivacité couplée à une réconciliation avec les passages les plus sombres de son histoire. Il ne s’agit pas ici de juger, a priori, le programme de l’un ou l’autre candidat. Chaque homme politique est avant tout jugé sur ses actes, sur la manière dont il sera parvenu, à terme, à utiliser la faible marge de manœuvre que les forces profondes de l’Histoire et de l’actuelle mondialisation lui aura imposées. Mais je reste convaincu – et les événements politiques de ces dernières 24 heures l’auront prouvé, que les Etats-Unis sont et demeureront une puissance avec laquelle le monde devra encore compter pendant longtemps. Le 21ème siècle sera, je le pense, un siècle encore et toujours américain. Mais différemment.

Bien sûr, les défis sont d’une ampleur extraordinaire. Bien sûr, les nouveaux pôles de puissance géopolitique que sont la Chine, la Russie, l’Inde, pour ne citer que ceux-là, influeront de manière beaucoup plus déterminante qu’auparavant l’avenir des relations internationales et des rapports économiques. Mais non, je ne pense pas que les rapports de force entre les Etats puissent être réduits à un système quelque peu simpliste de vases communiquant. L’accroissement de force d’un Etat ne génère pas obligatoirement la décadence d’un autre Etat. Ceci nous amène donc à une conclusion essentielle, qui, sans doute, se détache quelque peu de l’actualité immédiate. Cette conclusion est la suivante : les forces profondes qui ont guidé le monde et sur lesquelles les Etats ont cherché à imprimer leurs marques, ces forces profondes se révéleront encore plus puissantes demain, car alimentées par des vagues de renouveau. L’Europe, pour sa part, même si elle a pu démontrer une réactivité politique avec laquelle nous avons été peu coutumiers durant la crise financière, souffre de l’absence d’une telle vague de renouveau.

Ce renouveau européen doit être engagé très rapidement, mais aussi – et paradoxalement – sereinement. L’Amérique qui a vu le jour ce 5 novembre est en rupture complète avec l’Amérique du XXème siècle. Le relationnel transatlantique sera forcément différent car la Maison Blanche accueillera désormais un Président dont les racines lointaines ne sont plus européennes. Certes, le changement, on le sait, se produit toujours à la marge. Il n’empêche que les Européens devront compter avec une expression quelque peu différente de la puissance américaine.

Ce commentaire que je sais à chaud et éparpillé pourrait constituer la base d’une réflexion plus amples et plus construite. Commençons là dès à présent…