jeudi 7 janvier 2010

A400M: défaitisme ou bataille des communications?

Décidément, il pourrait devenir risqué de parier sur l’avenir de l’A400M à entendre les propos des différents acteurs impliqués (chacun, d’ailleurs, faisant la sourde oreille aux arguments de ses partenaires dans un ballet de communications qui ne constituera pas, à l’évidence, la solution au problème).

En l’état actuel des choses, une certitude existe : personne veut payer. Classique…Oui mais voilà: dans ce dossier, une chose essentielle est de ne pas avoir la mémoire courte. Dernièrement, plusieurs sorties remarquées des industriels et des Etats clients (notamment la France et l’Allemagne) ont visé à reporter sur l’autre la responsabilité des déboires rencontrés par le programme de transporteur militaire. On peut, certes, comprendre les arguments avancés par les pouvoirs publics. Du côté français, on se dit déterminé à ne pas abandonner le programme mais (et ce “mais” n’indique pas pour autant qu’il s’agisse d’une condition posée!) on se refuse à envisager une prise en charge complète des coûts supplémentaires du programme. Du côté allemand, la posture a le mérite – ou l’inconvénient, c’est selon – d’être encore plus nette : on ne rallonge pas un euro de plus ! Sous-entendu : ce n’est pas au contribuable à payer pour les erreurs de l’industriel. Voilà qui est fort justement intéressant ! Comme dans nombre de programmes militaires de haute capacité technologique, il est très rare que les déboires puissent être imputés à un seul protagoniste. Certes, l’erreur d’EADS aura très certainement été de promettre la construction d’un transporteur militaire sur la base d’une logique de développement d’un transporteur civil. Du côté des Etats clients, l’erreur aura sans doute été de penser qu’une telle prouesse industrielle puisse être réalisée (preuve d’un manque de considération de toutes les spécificités des projets technologiques militaires chez certains des responsables de l’époque). A dire vrai, les Etats clients étaient à l’époque relativement pressés de faire passer le projet A400M dans le cahier des charges de l’OCCAR, qui recevait de la sorte son premier véritable programme majeur postérieur à sa fondation! Un ficelage rapide du contrat initial qui affecte aujourd’hui la survie même du projet pour lequel il était bâti.

Alors, bien sûr, on peut polémiquer sur les chiffres. On peut tergiverser sur les retards accumulés (mais quel programme de cette envergure n’a pas de retard?) et sur ceux qui viendront s’ajouter au calendrier. Ceux qui se plaisent, aujourd’hui, à jouer avec le “sort” à réserver au projet ne doivent pas oublier que tout abandon de l’A400M comportera des incidences qui iront bien au-delà de la dimension industrielle. Cette perspective, si elle devait se confirmer, altérerait l’un des fondements mêmes de la politique de sécurité et de défense commune : l’indépendance et l’autonomie d’action que les Etats européens parviennent progressivement – mais assurément! – à établir.

Galileo : EADS Astrium perd face à OHB

EADS Astrium n’est pas parvenu à remporter le contrat de développement des 14 satellites dans le cadre du programme européen de radionavigation et de datation par satellites Galileo. C’est l’allemand OHB qui se verra attribuer le contrat.

Cet échec est à relativiser dans la mesure où EADS aura, dans les prochains jours et les prochains mois, d’autres chats à fouetter : sauver et renégocier le contrat A400M tout en évitant que les déboires rencontrés par le projet de transporteur militaire n’impacte sur la filière civile de l’avionneur.

Source : Tradingsat.com

mardi 5 janvier 2010

Se dirige-t-on vers l’abandon de l’A400M?

Cela se pourrait. La nouvelle rapportée par le Financial Times Deutschland (et relayée par le journal Le Monde) a de quoi laisser perplexe. Mais pour Thomas Enders, les négociations actuellement en cours entre l’industriel Airbus Military et les Etats clients ne semblent pas, a priori, porteuses d’un accord.

Dans le même temps, il faut raison garder. On sait les péripéties multiples auxquelles peuvent être livrés les programmes technologiques civil ou militaire. Souvenons-nous, à ce titre, de Galileo qui a, finalement, été rapatrié dans son ensemble sous la gestion publique de la Commission! Bien sûr, peu de probabilité pour qu’une solution du même acabit puisse survenir pour sauver l’A400M. C’est cela aussi, une fois de plus, la leçon que nous pouvons retirer des difficultés du programme: l’absence de toute instance européenne permanente susceptible de sauvegarder l’intérêt général européen en matière de défense commune.

Mais attendons tout d’abord ce qu’il ressortira des négociations avant de nous avancer.