samedi 10 octobre 2009

Conférence de Martin van Creveld le 19 octobre 2009 à l’IRSD

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Le 19 octobre prochain, l’Institut Royal Supérieur de Défense aura l’honneur d’accueillir celui qui figure sans nul doute parmi les plus grands experts de l’histoire de la guerre: Martin van Creveld.

Je ne commettrai pas l’insulte suprême de vous rappeler l’apport de Martin van Creveld à la stratégie et à son histoire. Je me contenterai simplement de dire que ses ouvrages “Technology and war”, “Command in War” me donnent encore des frissons!

Ce sont d’ailleurs là des lectures qui, malgré leurs âges, restent toujours d’une étonnante actualité pour comprendre nombre d’enjeux contemporains en matière de défense. Et je ne parle même pas de la lumière qu’ils peuvent jeter sur les opérations militaires contemporaines!

Bref, Martin van Creveld sera, le temps d’une conférence, l’invité de l’IRSD. Cette conférence se tiendra, comme d’habitude, au Centre de conférence de l’Ecole Royale Militaire (Campus Renaissance, entrée par la rue Hobbema à 1000 Bruxelles) et débutera à 17 heures.

Si vous souhaitez plus d’informations ou vous inscrire, envoyez un courriel en remplissant le formulaire que vous trouverez en cliquant sur le lien suivant: Contact IRSD.

vendredi 9 octobre 2009

Quand le Nobel “dicte” la politique étrangère U.S.

 gal_faces_16Reconnaissons-le. Chacun d’entre-nous a pour le moins été surpris – le principal intéressé lui-même, sans doute, aussi – de la nomination du Président des Etats-Unis Barack Obama comme lauréat du prix Nobel de la Paix.

Une première question me vient à l’esprit : l’a-t-il été par défaut? Ce n’est pas à exclure. Même si l’on peut regretter que nombre de candidats légitimes, certes agissant à des niveaux plus modestes et de manière plus discrète en faveur de la paix, auraient mérité autant que d’autres de voir leurs actions quotidiennes mises en exergue par une telle reconnaissance.

Une seconde interrogation me perturbe. La désignation d’Obama comme Prix Nobel de la Paix n’est-elle pas une manière d’influencer sur l’avenir de la politique étrangère américaine et, plus spécifiquement, sur la nature des décisions qui devront être prises par les Etats-Unis dans nombre de dossiers (Iran, Corée du Nord, conflit dans le proche-Orient, etc.) ? On imagine bien que la marge de manœuvre du Président des Etats-Unis sera, qu’on le veuille ou non, affectée par le titre qui vient d’être décerné à son Président. De là à dire qu’elle en sera sensiblement altérée, il ne faudrait pas exagérer. Néanmoins, cette attribution a tous les dehors d’une forme nouvelle de tentative d’infléchissement de la politique extérieure de la plus grande puissance que compte la planète.

Il reste à voir quels seront les effets d’une telle décision…

En attendant, des félicitations s’imposent tout de même.

lundi 5 octobre 2009

Quelle attitude face à Google Earth

C'est le journal Le Soir (relayant lui-même une information du journal De Zondag) qui l'évoque dans ses colonnes : la Défense belge enquête sur Google Earth. Il faut bien avouer que le logiciel gratuit du géant Google n'en finit pas de susciter des controverses. Et ce depuis de nombreuses années. Déjà, en 2005, avais-je eu l'occasion de rédiger un billet (disponible ici) sur les questions sécuritaires liées à cette application.
 
Depuis lors, quelques événements et anecdotes semblent avoir alimenté les propos de ceux qui voient dans Google Earth une menace réelle tant pour la Défense que pour la sécurité intérieure des Etats. Les réactions de ces derniers se sont, toutefois, avérées, très variables. Ainsi, au mois d'août 2006, le Maroc censura-t-il Google Earth pour des raisons de sûreté. Une décision pour le moins contextée puisqu'elle fut adoptée sans autorisation judiciaire. C'est, plus exactement, la société Maroc Telecom qui entrepris de contraindre l'emploi du logiciel parmi les internautes nationaux. Aux Etats-Unis, Google Earth a couroucé le Pentagone, ému par le fait que nombre de photos satellites colligées par Google Earth comportaient des images précises de bases américaines et des activités qui s'y déroulaient (voyez ici).
 
Alors, la question, chacun l'aura compris, est la suivante : comment limiter la possibilité de voir croître le nombre d'applications et de mises en oeuvre malveillantes de Google Earth? Je crois personnellement qu'aborder le problème dans ce sens consiste à prendre - on m'excusera cette formulation familière - le chat par la queue. Certes, Google Earth peut, il est vrai, poser un réel problème de sécurité. Toutefois, quelques remarques s'imposent :
 
1. Interdire Google Earth est une option aussi inutile qu'inenvisageable. En effet, une telle interdiction ne saurait porter qu'au sein d'un Etat ou d'un groupe limité d'Etats. L'exploitation des images de Google Earth depuis l'étranger (ou depuis des pays n'interdisant pas Google Earth) resterait toujours possible;
 
2. Stigmatiser Google Earth peut s'avérer contre-productif. En effet, il existe d'autres sociétés du Web qui fournissent ce type de produit. Bing Maps, de Microsoft, fournit une solution similaire qui, étrangement, ne semble pas dénoncée avec la même ferveur. Il n'est pas à douter que de nouveaux concurrents chercheront à développer des solutions identiques en travaillent sur une meilleure qualité de résolutions et des services complémentaires (payants, sans doute) plus attractifs.
 
3. Il conviendrait, par contre, de prendre le dossier "Google Earth" non pas comme une interrogation, mais plutôt comme une réponse. En d'autres termes, compte tenu de la nature désormais hétéroclite et protéiforme des menaces contemporaines, ne pourrait-on pas sortir du cadre dans lequel nous traitons habituellement les problèmes de sécurité. C'est l'attitude des forces de l'ordre américaines qui, plutôt que de dénoncer l'application incriminée, sont parvenues à en tirer profit (voyez ici). Bref, Google Earth peut tout autant s'avérer un nouveau problème de société, qu'une nouvelle solution de sécurité.
 
Tâchons de méditer sur ces quelques éléments...